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Dans la tête du Casu

Dans la tête du Casu

Des Hommes, le plus fou est celui qui renie sa propre folie


La mer de cuivre ( Parties 1 à 10 )

Posted by Casu on March 6 2014, 23:31pm

Categories: #Nouvelle

La mer de cuivre ( Parties 1 à 10 )

Un homme courait dans le parc, autour de lui des enfants jouaient et riaient, une dame âgée regardait passer l'après midi sur son banc. Le ciel brillait autant qu'il le pouvait sur le quartier des Argentés. Soudain l'homme sembla se pétrifié, il marqua un temps et s'effondra sur le sol frais de cet hiver. Cet homme avait eut une crise cardiaque, rien de plus banal au premier abord, mais cet homme, mort sur le sol, marquait le 24ème décès de la sorte cette semaine. Devant la caméra, une journaliste spéculait sur la cause de la mort de l'homme encore allongé derrière elle.
Marc éteignit la télévision, il n'avait que faire de ces petites histoires sordides, après tout il était en pleine forme du haut de ses 40 ans, certes il était un peu grisonnant, mais n’était-ce pas normal pour un homme de son âge? Il avait quand même une stature d’athlète, ne fumait ni ne buvait, un corps parfaitement sain. Et un esprit tout aussi sain, il était serein, menait une vie tranquille, ses relations avec la Tour d'or lui permettait de vivre correctement et dans tout le confort nécessaire, ce qui était rare à cette époque. Quand il voyait tout ces pauvres gars se tuer au travail pour ne rapporter qu"à peine de quoi dîner a leur famille, il ne pouvait réprimer un profond dégoût, il détestait cette populasse dans laquelle il était obligé d'évoluer. Il se sentait appartenir à l'élite, et un jour, il prendrait place dans la Tour, il le savait.
Il était déjà 21 heure, il se décida à s'habiller, il enfila son grand imperméable brun, mis son plus beau chapeau, et sorti par l’arrière de sa maison. Il ne voulait pas se faire voir, travailler pour la Tour d'or était très mal vu de son voisinage, et il n'aspirait qu'a continuer son chemin tranquillement. On lui avait demander de se présenter sous le pont du parc, pour quelques affaires urgentes. Il serait obliger de passer par le quartier des cuivres, il détestait ça. A l'idée de devoir supporter l'odeur de ces êtres lamentables qui habitaient ce quartier il hésitait même de rester confortablement chez lui. Mais son avenir l'attendait sous ce pont. Il avança alors, a conte cœur, en route vers les cuivres silencieux.
A l'approche des abris de fortune des quartiers cuivrés, il redoubla de vigilance, il ne voulait pas tomber nez à nez avec ces esclaves, ces lépreux, il les avait en horreur, bien qu'ils s'avèraient bien utiles pour les tâches ménagères. Il arrivait près du parc quand il sentit son cœur se serrer, il chuta lourdement au bord de la route. Il voyait maintenant tout ses rêves s'éloigner, il allait mourir ce soir, comme un animal au bord de cette route. Le 25ème, il était le 25ème à succomber à une crise cardiaque, et il ne saurait jamais pourquoi.
Tout cela le concernait pourtant directement, c'était lui qui avait enclenché tout le processus, pauvre niais, pauvre pantin au service de la Tour d'or.


Mila était en retard ce matin là, de sales gosses l'avaient un peu violentée en chemin, ce n'était pas la première fois ni la dernière, tel est le fardeau d'une esclave des cuivres. Le plus insupportable était de se prendre une correction par la suite par son maitre et par la soeur Irènne en revennant le soir; elle était sévère la soeur Irènne, de tout le couvent, c'était elle qui donnait les corrections les plus douloureuses ! Mila la détestait, mais elle était née cuivre, et avait déja bien de la chance d'être nourrie, logée et soignée par les soeurs. Ceux qui vivent dans la rues, ceux qui voient leur peau partir en lambeaux et qui crèvent de faim, ce sont eux qui sont à plaindres!
Mila frappa à la porte de son maitre et attendit patiemment qu'on lui ouvre pour lui infligé la correction qu'elle méritait. Seulement, personne n'ouvrit, elle frappa encore et encore, mais toujours rien... Elle décida alors de faire le tour de la maison. Elle aperçut alors dans le jardin deux hommes qui discutaient, elle se plaqua immédiatement contre le mur, il ne fallait pas qu'elle se fasse voir, une cuivre n'avait pas le droit d'étre seule dehors passer les 9H00 et son maitre avait disparu. Elle attendit, et écouta la conversation des deux inconnus :
<< Mais où est-il passé bong sang?!>> S'énerva l'un deux;
<< Nous devons le retrouver, le patron a été clair -dit l'autre - si jamais il a compris ce qu'on lui faisait faire, il pourrait tout faire foiré, il ne faut pas que ca s'ébruite, sinon ce sera la fin de la Tour d'Or ! >>
<< Fouillons encore la maison, on pourra toujours récupérer quelques biblots pour nous. >>
Sur ce, les deux inconnus entrèrent dans la maison.
Ils étaient de la Tour d'Or! Mila n'avait jamais vu personne venant de la haut, que pouvaient-ils bien faire ici chez les argentés?
Peu importe, elle devait profiter de cette occasion pour rentrer au couvent avant de se faire voir. Même si elle devait s'attendre à une sacrée correction pour rentrer si tôt!
Elle marchait dans l'ombre des maisons et des arbres, le plus discretement possible, elle n'avait pas peur de se faire tabasser , elle en avait l'habitude, mais la soeur Irènne risquait de la priver de dîner si elle la voyait revenir encore plus sale et cela faisait des jours qu'elle n'avait rien mangé. Elle entrait dans le quartier des cuivres lorsqu'elle apperçut sur le bord de la route un homme étalé, inerte. En s'approchant de plus près elle pût reconnaitre Marc, son maitre qui avait disparu ce matin!
Comment à t-il pût se retrouver ici? Mourir dans le quartier des cuivres, lui qui detestait les esclaves, c'était une fin bien ironique. Mila se penchât sur feu son maitre, fouilla son imper, et y trouva un petit bout de papier, elle ne savait pas lire, mais elle était persuadé que ce qui il y avait écrit dessus était en lien avec les inconnus à la maison, et qu'il était donc d'une grande importance. Elle le glissa donc dans sa poche et se remit vite en route pour le couvent, elle ne voulait pas qu'on puisse la soupçonné d'avoir fait du mal à son maitre!


Estèbe montait quatre à quatre les marches brillantes et dorées de la Tour. Ce matin le messager d'Omega était venu le chercher dans sa villa du quartier d'or. Il ne s'était pas encombré de détails et l'avait juste sommé de se présenter à la Tour d'Or au plus vite.
Estèbe était conscient du privilège qu'on lui accordait mais redoutait également quelques nouvelles désagréables, après tout, que pouvait bien lui vouloir Omega? Marlon lui avait été convoqué il y a quelques mois de cela, et on ne l'avait plus jamais vu, parait-il qu'il fût renvoyé dans le quartier des Argentés! Estèbe s'inquiétait de subir le même sort, quelle honte pour sa famille, dorée depuis des générations!
10 minutes qu'Estèbe montait les marches brillantes et dorées de la Tour. La boucle des escaliers lui donnait une forte nausée, mais il ne faiblissait point, Omega l'attendait et il avait horreur de perdre son temps. La tour semblait interminable de l'intérieur! Estèbe arriva enfin à une porte, il l'ouvrit et déboucha sur une vaste pièce totalement vide, ornée de tapisseries rouges et noires. Le plafond était trés haut et totalement sombre, à l'exception d'un lustre blanc qui luisait au loin, au plus haut de la salle. Il faisait presque nuit dans la pièce et il y régnait une atmosphère oppréssante. Sous ses pieds, reposant sur une moquette en laine semblable à des miliers d'asticôts grouillants sur tout le sol devant lui, était posé un paillasson où il était écrit << Bienvenue au premier palier >>.
Le premier palier? Est-ce que cette Tour monte encore? Pourtant d'après toutes les marches montées, il devrait se trouver au plus haut de celle-ci.. Estèbe s'apprétait à avancer lorsqu'il apperçut à sa gauche un panneau lui demandant de retirer ses chaussures. Il s'éxécuta, et, maintenant pieds nus, avanca à travers cette grande salle. La sensation de la moquette entre ses orteils lui parut très désagréable. Il arriva bientôt de l'autre coté de la pièce, et fît face à une nouvelle porte. Celle-ci donnait sur un nouvel escalier. Estèbe posa le pied sur la première marche et le retira aussitôt, surpris par la chaleur inhabituelle de cet escalier! Il reposa une deuxième fois son pied, doucement ce coup-ci afin de s'accomoder de la chaleur de la marche. Lorsque ce fût fait il posa le deuxième pied sur la seconde marche, et le retira aussi sec ! Cette marche était encore plus chaude que la première, à la limite de la brulûre! Estèbe hésitait de plus en plus, mais Oméga l'attendait et on ne faisait pas attendre Oméga! Il reposa son pied, puis posa le second sur la troisième marche qui le brulât pour de bon ce coup-ci! Il voulût alors faire demi tour, mais la porte s'était refermée derrière lui, scéllée par d'énormes cadenas. Il n'avait pas le choix il devait avancer, il pris son courage à deux mains et se précipita dans l'escalier.
10 minutes qu'il courait sur les marches brillantes et dorées de la Tour. La peau de ses pieds s'était déjà décollée depuis longtemps et d'horribles cloques le faisait hurler de douleur à chaque pas, mais il n'avait pas d'autre choix que de monter! Il lui semblait que la douleur allait le faire faillir lorsqu'il atteind enfin la seconde porte. Il l'ouvrit et se jetta dans la nouvelle salle. Il tomba nez à nez avec le paillasson << Bienvenue au second étage >>.
Cette pièce, aussi grande et vide que la première, était quant à elle recouverte de tapisserie rouge et grise. Le même lustre pendait au loin sur le plafond, bien qui lui semblât quelque peut plus lumineux.
Un panneau sur sa gauche lui ordonnait d'ôter sa chemise, ce qu'il fît sur le champs, quoi qu'il advienne, jamais il ne contrarierait la volonté de la Tour et d'Omega. Une nouvelle fois il traversa la pièce, et la sensation de la moquette sur ses pieds, bien que beaucoup plus douce que ce qu'il dût affronter au préalable, lui paraissait toujours désagréable! Il arriva à une nouvelle porte qui donnait sur un nouvel escalier.
Estèbe posa son pied le plus prudemment du monde sur la première marche, mais celle-ci lui parût tout à fait normal. Il posa son second pied sur la seconde marche, et tout était normal. Il entrepris alors de monter ces escaliers plus sereinement. Soudain, la porte claqua derrière lui! Une vapeur glacée s'infiltra par les murs qui l'entouraient, plus il montait et plus il faisait froid! Non seulement l'atmosphère était glaciale mais en plus ces vapeurs étaient de plus en plus fortes, projetées en jet sur son visage!
10 minutes qu'il montait tant bien que mal les marches brillantes et dorées de la Tour. Il ne sentait presque plus ses membres et ses paupières avaient gelées lorsqu'il arrivat à la porte qu'il ouvrit avec difficulté. Quel bonheur ce fût pour lui de rentrer dans cette pièce chaleureuse! Les tapisseries rouges et blanches semblaient lui réchauffer le coeur, et la lumière du lustre lui parût assez proche pour dégeler ses paupières! Encore une fois il y avait un panneau sur sa gauche, celui-ci lui demandait d'ôter son pantalon. Estèbe héstait, certes l'honneur de sa famille était en jeu, mais visiblement la Tour prenait un malin plaisir à lui faire du mal. Combien de paliers avait il encore à franchir? S'amusait-on à le tuer à petit feu? Non Oméga ne ferait jamais ca, il était là pour le bien du peuple, pour faire tourner les rouages de l'Ile! Sans lui se serait l'anarchie, les cuivres se mélangeraient aux argentés qui eux même se méleraient aux dorés, et l'Ile s'éffondrerait, cela ne pouvait arriver! L'Ile était le dernier rempart de l'Humanité, ils devaient réinventé l'humain, et seul une société bien huilée pouvait y parvenir! Oméga les avaient soudés, leurs avaient redonné le confort de vie dont leurs ancêtres jouissaient. Ils devaient donner leurs vies pour lui. Estèbe continuerait d'avancer quoi qu'il en coûte! Il baissa son pantalon et avanca sur la moquette qui lui parût bien plus douce qu'auparavant. Il traversa la pièce avec détermination afin d'arriver à cette porte tant redoutée, qui donnait sur ces escaliers sadiques! A peine avait il poser un pied sur la première marche que deux petites trappes s'ouvrirent de chaque coté de l'escalier, de celles-ci, sortirent des bras mécaniques qui s'empressairent d'enchainer les mollets de leur victime à deux gros boulets, du poids d'un enfant de 10 ans chacun. Cette ascenssion s'annonce difficile mais bien moins douloureuse se dit Estèbe!
10 minutes qu'Estèbe montait les marches brillantes et dorées de la Tour. Cependant, il n"avait qu'à peine parcouru la moitié de la distance qui le séparait de la porte salvatrice! Contrairement à son idée, ses mollets lui faisaient affreusement mal! Ces boulets étaient le plus gros fardeau qu'il eût à supporter jusque là! Ne pouvant plus tenir debout, il se hissait de marche en marche, ses bras presques aussi fatigués que ses mollets, manquaient de se détachés à chaque étape. Et ce ne fût que 20 minutes plus tard qu'il atteint enfin la porte tant désirée! Aussitôt, deux nouvelles trappes laissèrent passé deux nouveaux bras mécaniques qui vinrent retirer les poids des jambes d'Estèbe. C'est léger et épuisé qu'il entra dans cette nouvelle salle.
Cette grande pièce était bien plus lumineuse que les précédents, le lustre étant bien plus proche du sol, Estèbe put pour la première fois distingué les motifs ancrés sur les tapisseries rouges et jaunes pâles. Le panneau sur sa gauche lui demandait de se dévétir totalement. Nu et étrangement apaisé, Estèbe traversa la pièce, la moquette lui procurait d'agrèables caresses sur ses pieds, et luis semblait-il, sur tout le reste du corps, bien que cela fût impossible. Il arriva à la porte, le dernier escalier, il ne savait pas pouquoi, mais il le savait. La délivrance était au bout de ces quelques marchent qui se tenaient devant lui. Il posa un pied sur la première marche, et immédiatement l'escalier se mit en mouvement, afin de l'acheminer jusqu'en haut.
En quelques minutes Estèbe était arrivé au bout des marches brillantes et dorée de la Tour. Il tendit la main pour ouvrir la porte mais celle-ci restait fermée. Il essaya encore et encore. Impossible de la faire bouger! Soudain, un petit écran s'ouvrit au mileu du bois massif. Un texte s'afficha lentement, une question était posée. << Du jour à la nuit, du tournesol au coquelicot, de la terre à la faillance, des croyances à la science, du feu à l'eau, de la mécanique à la musique, toujours au loin il luit. >>
Sans hésitation, à voix haut, Estèbe répondit à cette poésie bien connue. << Oméga est le père de la vie >> Il entendit soudain un cri déchirant, et il lui fallut quelques secondes avant de se rendre comptes que ce fût lui qui hurlait ainsi. Dès que sa réponse eût été donnée, une trappe s'était ouverte au plafond dérrière lui, et rapide comme l'éclair, avait marquer son dos au fer rouge du matricule " N.A.15 " . Une voix sortit du petit écran : << Entrez Nouvel Adam n°15 >> Ce qu'Estebe fît immédiatement. Il entra dans une pièce, copie conforme aux paliers inférieurs, à cela près qu'elle était meublé, les tapisseries rouges et or étaient magnifique, et une lumière douce se répendait dans toute la salle. Devant lui se tenait une femme, grande, brune. Elle se tenait droite, elle était d'une élégance qu'il n'avait jamais vu. Son tailleur noir était fait dans une matière qu'il ne connaissait pas. Elle avait une peau extrêmement blanche, contrairement au reste de la population de l'Ile.
<< Bienvenu N.A.15 >> dit elle. << Je suis Oméga, asseyez vous. >>


Cela faisait deux jours que Marc était mort. Lui qui avait tant de projets, aujourd'hui, il n'existait plus. Seule sa conscience flottait librement dans cet abysse sans fin. Des réminiscences du passé lui permettaient encore d'être attaché à ce monde. Il se souvenait de sa rencontre avec oméga. À ses dires, il était le premier argenté à avoir l'honneur de travailler pour elle. Il avait été convoqué à la Tour d'Or, une affaire urgente lui avait-on dit. La Tour, cette simple image eut presque raison de sa conscience. Quelles douleurs, quel supplice il avait dû subir pour parvenir au plus haut étage. Ce fut une délivrance d'arriver dans ce bureau magnifique, presque onirique. Oméga se tenait là, au milieu de la pièce, on aurait dit une nymphe, il avait entendu ce mot dans une discussion à la télé, une émission qui parlait du monde d'avant, il n'était pas très sûr de ce que cela voulait dire, mais le mot lui semblait tout désigné.
Il était tombé sous le charme, cette femme était si charismatique, et puis c'était grâce à elle que la société tournait rond, sans elle, les cuivres auraient été mélangés avec le reste de la population ! Elle lui avait alors donné une mission. Il avait enfin eu son rôle à jouer dans le maintien de la société. L'objet de sa mission était simple, il était parfois convoqué, tard le soir, dans un coin reculé de la ville. Là, il rencontrait un homme dont il ne connaitra jamais le visage, qui lui remettait un petit bocal d'apparence vide. La suite était d'une facilité enfantine, il n'avait plus qu'à ouvrir ce bocal dans un lieu donné, toujours très fréquenter. Il ne comprenait pas bien le but de la manœuvre, mais sa fierté de traité avec la Tour était telle que cela lui importait peu.


Mila était au sol, elle avait beaucoup de mal à se relever, la gifle que lui avait donnée sœur Irenne l'avait complétement sonnée. La sœur l'attrapa alors fermement par le bras pour la jeter au pain sec, encore une fois. Elle venait à peine d'en sortir. La sœur Irenne semblait particulièrement agressive ces derniers temps. Il faut dire que d'avoir Mila dans ses pattes toute la journée avait le don de l'agacer ! Depuis que Monsieur Marc Riand avait été retrouvé mort dans la rue, Mila n'avait plus de maitre à servir, chaque habitant du quartier argenté possédait déja leur esclave. Elle aidait alors au ménage du couvent. Il y avait déjà des esclaves en place pour ces tâches, alors elle n'avait pas grand chose à faire. Elle avait parfois de longs moments pour réfléchir. Car elle aimait réfléchir, penser, imaginer sa vie si elle était née argentée. Elle posséderait une jolie maison, avec un jardin remplit de coquelicot, elle adorait les coquelicots, elle aurait un travail, pas un travail fatiguant comme ce qu'elle faisait, non, un travail où l'on lit et écrit sur une chaise confortable, sur un grand bureau, un travail qui rapporte de l'argent, là, elle serait heureuse. Elle pourrait écouter de la musique à la radio. Elle aimait la musique, mais elle était trop sotte pour l'apprécier, du moins d'après les sœurs du couvent. Ecouter de la musique, c'est une activité intellectuelle, comme lire ou écrire, une cuivre ne pourrait jamais prétendre y comprendre quoi que ce soit.Non, elle ce qu'elle savait faire, ce pourquoi elle était née, c'était servir. Mais un serviteur sans maitre, c'est comme une ampoule sans électricité, ça ne sert à rien, comme le disaient les sœurs. Mila le savait, si elle n'était demandée par un nouveau maitre, où qu'elle ne se montrât pas utile au couvent, les sœurs n'hésiteraient pas à la mettre à la rue. Et seule, elle ne saurait s'en sortir, c'est sûr !


Estèbe s'était levé discrètement. Il faisait encore nuit noire. Il descendit doucement les escaliers de sa jolie maison. La veille, il avait caché un petit baluchon sous le canapé. Ce que sa maison allait lui manqué. Et sa famille aussi. Cependant, il avait l'honneur d'accomplir une mission pour Oméga, et rien n'aurait su l'arrêter ! Il contempla une dernière fois l'œuvre de sa vie, puis referma la porte silencieusement.
Oméga lui avait demander de prendre place chez les argentés. Il devait remplacer un collaborateur de la Tour qui avait mystérieusement perdu la vie.


Le soleil commençait à peine à laisser entrevoir ses rayons rouges lorsqu'Estèbe arriva à sa nouvelle demeure. Elle était loin d'être aussi luxueuse que son ancienne maison, mais paraissait tout de même confortable, bien que poussiéreuse. Il prit tranquillement possession des lieux. La mélancolie le tenait déjà, sa maison, sa famille, il ne pourrait plus les revoirs. La Tour trouvera certainement une excuse pour sa disparition, et bientôt ses proches l'auront oublié.
Cela avait certes peu d'importance au regard d'être en mission pour la Tour, mais il ne pouvait s'empêcher d'y penser.
Estèbe venait tout juste de défaire son baluchon lorsque l'on frappa à la porte. Il prit une grande bouffée d'air, et avança d'un pas décider vers cette première confrontation avec le quartier argenté. En ouvrant la porte, il découvrit un petit homme trapu avec une moustache broussailleuse. Il devait avoir environ cinquante ans et avait l'air jovial.
<< Vous devez être Mr.Ledelle - commença l'homme - permettez moi de me présenter, je suis George Mochard, votre nouveau collègue. La direction m'a demandé de venir vous chercher pour votre première journée au CPRC. >>
Estèbe et George arrivèrent au parking du CPRC, sur la façade imposante du bâtiment on pouvait lire << Centre Primaire de Réinsertion des Cuivre >>. Estèbe resta quelques instants assis dans la petite voiture cabossée de son collègue. Il allait pour la première fois s'adonner à un emploi de bureau. Le quartier doré et ses artistes lui manquaient tellement. Il prit son courage à deux mains et pénétra dans le bâtiment.
Il fit ses premiers pas dans ce grand Hall gris et terne. Les dalles au sol étaient délavées et certaines brisées. Les néons au plafond ne diffusaient pas tous leur lumière bleuâtre à la même intensité.Contre les murs, de chaque côté de l'entrée, étaient assis des cuivres. Ils étaient sales, leurs vêtements étaient déchirés et ils empestaient ! Estèbe eut une sensation de dégoût incontrôlable, et la grimace sur son visage l'avait probablement trahi. Face à l'entrée se situait un immense bureau, à chaque extrémité de celui-ci étaient disposée une plante en plastique recouverte de poussière et d'araignées. L'homme derrière le bureau, aussi terne et poussiéreux que le décor autour de lui, l'interpella alors.
<< Bienvenu au CPRC Mr.Ledelle, je suis André, l'agent d'accueil et l'homme à tout faire, si vous avez besoin de quoi que ce soit n'hésitez pas. Je suis à votre entière disposition. Après tout, je me doute bien que, venant du quartier doré, il vous sera difficile de vous faire à votre nouvel environnement. Ainsi, nous ferons de notre mieux pour rendre votre séjour agréable. >>
La Tour d'or avait transmis un message au CRPC, qui les informait de la venue d'Estèbe en tant qu'agent de contrôle du travail. Et afin d'effectuer un contrôle approfondi, il devait travailler aux côtés des employés du CRPC. Oméga avait expliqué à Etèbe que cette couverture était indispensable pour le bien de la mission.


<< J'aurais aimé être enterré, pourquoi n'avons-nous pas de cimetière comme nos ancêtres ? Qu'ont ils fait de mon corps ? >> La conscience de Marc flottait, perdue dans un océan noir et froid.


Mila mis son bras devant son visage pour se protéger les yeux du faisceau de lumière que laissait passer la porte qui s'ouvrait. Des jours qu'elle n'avait pas été sortie du pain sec. Elle était très faible et eut du mal à se mettre debout. La voix glaciale et familière de la sœur Irènne se fit entendre : << Lève toi vite, tu a un repas à prendre, et demain matin tu ira travailler, nous t'avons trouvé un nouveau maître, tu ne sera pas dépaysé, il habite dans la maison de l'ancien, ça doit déjà t'exciter de remettre les pieds au domicile de ta victime, n'est-ce pas ? >> Depuis quelque temps, sœur Irènne s'était mis en tête que Mila avait à voir avec la mort mystérieuse de son maitre, et elle n'en était que plus cruelle envers elle. La sœur l'attrapa par le bras puis la traina jusqu'au réfectoire. Celui-ci était désert et très sombre malgré les gigantesques fenêtres qui l'ornaient. Mila en déduit qu'il devait être une heure très avancée de la nuit. La sœur l'assit sur un des bancs et lui balança un bol de soupe verdâtre. << Mange, demain tu devras dépenser beaucoup d'énergie, tu a intérêt à me faire honneur, tu vas travailler pour une personne très importante, elle vient du quartier doré. Elle ne tolèrera pas un travail bâclé, alors tient toi à carreau si tu ne veut pas te retrouver encore une fois avec les ronces autours des genoux >> Mila pris la menace très au sérieux, elle avait déja subit le supplice des ronces, on vous force à les porté toute la journée, et chaque pas est un supplice, chaque mouvement de la jambe vous lacère la chaire. Mila ferait de son mieux pour son nouveau maître même si elle le détestait déjà.


Estèbe se préparait lentement à se rendre au CPRC. Ce n'était que le deuxième jour, mais il avait déjà en horreur cet endroit ! Puis, traité avec les nonnes toute la journée, merci bien ! Il se tourna dos à son miroir afin de mieux voir ce matricule entre ses omoplates, qui lui faisait encore affreusement mal. << Nouvel Adam, mon cul ! >> Estèbe détestait la religion, bien qu'il ne l'ait jamais avoué à qui que ce soit. Il était très mal vu de dénigrer la croyance, il n'aurait jamais pu rester au quartier doré avec ces idées. Mais aujourd'hui, il était chez les argentés alors à quoi bon ?! Il se gifla le visage violemment. << Estèbe, reprend-toi, tu es la au nom d'Oméga, tu dois lui faire honneur. Après tout, tu l'as rencontré toi, Oméga, tu a ressentit cette aura qu'elle dégage. Si ce n'es pas un signe divin, qu'est-ce que c'était? >> On sonna à la porte.
En ouvrant, il découvrit une jeune fille, elle devait avoir à peine seize ans. Elle était affreusement sale et sentait le renfermé et le chou. Elle était maigrissime, si bien qu'Estèbe se demanda quelle force mystérieuse la faisait tenir debout.
<< Je crois savoir que tu connais déjà la maison - lui dit-il - je te laisse te débrouiller. Ne touche pas à la nourriture je le saurais, et j'espère que le travail sera bien fait, où je me verrais obliger d'en informer la sœur Irenne.>>
Mila entra doucement dans la maison la tête baissée et se mit au travail.
Dans le même temps Marc montât dans la voiture de George qui venait d'arriver.
<< Aujourd'hui, Mr.Ledelle, je vous dépose au CSRC, le centre secondaire, je vous raccompagnerais tout de même ce soir n'ayez craintes ! >>.
Le CPRC était le Centre Primaire de Réinsertion des Cuivres, c'est-à-dire que ce centre s'occupait d'assigner les cuivres que les couvents hébergeaient, aux domiciles auxquels ils devront officier. C'était un travail sans interet, où l'on était constamment au contact de la vermine et des soeurs, et Estèbe detestait ça.
Le CSRC lui, était le centre secondaire. Celui là, également en collaboration avec les couvents, gérait les cuivres récalcitrants. Ceux dont les couvents voulait se débarasser car malades, trop vieux, ou pire, insubordonés. Personne en dehors des employés, ne savait ce qu'il arrivait à ces cuivres. Et personne ne voulait vraiment le savoir. Cependant, Estèbe allait bientôt le découvrir, et cela l'excitait, d'une certaine manière.


Mila était en train d'épousseter les meubles lorsque d'étranges bruits se manifestèrent dans le jardin. En s'approchant de la fenêtre, elle put voir un jeune homme, d'environ 25 ans, grand et fort. Celui-ci se tenait la poitrine et semblait avoir du mal à retrouver son souffle. Il tomba à genoux et Mila se précipita à ses côtés, elle eut à peine le temps d'arriver à sa hauteur, que le jeune homme expira son dernier souffle pour venir s'étendre dans les bras de Mila. Elle sortit son élastique de sa poche et s'attacha les cheveux, car le vent froid qui soufflait aujourd'hui lui ramenait des mèches sur le visage. Puis, elle souleva délicatement la tête du macchabée et la posa doucement sur le sol. Mila avait l'habitude d'être en présence de mort. Comme tous les cuivres, elle côtoyait la maladie et les défunts quotidiennement. Elle se leva et se dirigea vers le salon. Là, elle prit le téléphone et appela la SC. La Sécurité Citoyenne était composée de volontaires, des hommes et des femmes, voir même des enfants, qui en bon citoyen, exprimaient leur loyauté envers Oméga en assurant la sécurité de l'Ile. Ils patrouillaient régulièrement dans les rues, étaient omniprésents dans la vie des habitants. Rien d'étonnant lorsque l'on sait que chaque foyer comptait au moins une personne volontaire dans la SC. Ils assuraient l'ordre et la loyauté envers la Tour. Ils prenaient leur rôle très au sérieux et le jouaient souvent avec zèle. Bien sur, cet excès de volonté était souvent à l'origine d'accidents. Certaines personnes disparaissaient tout simplement de la circulation, rien ne pouvait accuser la SC, mais tout le monde en était conscient. On n'en parlait pas. Après tout, ils assuraient la sécurité de tous, et la criminalité était inexistante, dans les quartiers argentés et dorés du moins.
Quelques minutes passèrent avant que deux agents citoyens viennent sonner à la porte. Mila leur exposa sa version des faits et les amena auprès du corps du jeune homme. Les deux agents constatèrent la mort par crise cardiaque de celui-ci. Cependant, un argenté était mort au pied d'une cuivre, laquelle cuivre avait déjà perdu son maitre quelques jours auparavant. Il n'y avait aucune preuve, mais la situation de cette jeune cuivre indiquait tout les signes d'une insubordination. Ainsi, ils se devaient d'en faire un exemple, et avertir tous les autres esclaves du quartier que la SC les avaient à l'œil. Les deux hommes attrapèrent Mila par les bras, chacun d'un coté, et la trainèrent à travers la maison. Celle-ci se débattait, elle donnait des coups de pied à tout va. Elle hurlait, leur ordonnait de la lâcher, ils n'avaient pas le droit. En vérité ils avaient tous les droits sur elle, une cuivre ne disposait pas de droits. Mila réussit à mordre la main d'un des deux agents et profita de la surprise pour tenter de s'échapper, elle avait presque atteint la porte lorsqu'elle fut rattrapée. Elle fut plaquée à terre, un des deux hommes la maintenait pendant que le deuxième lui envoyait une rafale de coups de talon dans les côtes. Quand celui-ci en eut assez de se défouler sur elle, ils la relevèrent. Mila essayait encore de se débattre, mais elle était à bout de forces, et ses côtes, probablement brisées, lui faisaient un mal de chien. Les deux hommes la placèrent maintenant contre un mur, et le deuxième, celui qui l'avait tenu à terre auparavant, lui enleva son haut. C'est à ce moment-là, qu'Estèbe ouvrit la porte de la maison. Les deux hommes, emportés par leur folie destructrice ne réagissaient pas à l'entrer du maitre de maison. Estèbe enleva sa veste, la posa sur le porte-manteau.
<< Lachez la. >> Dit-il, calme et autoritaire, tout en desserrant le nœud de sa cravate. Les agents laissèrent tomber Mila au sol. Ils se retournèrent et restèrent droits et mutiques en face de l'homme doré. Estèbe les fit sortirent. Les deux agents prirent le cadavre et s'en allèrent. Puis, Estèbe s'installa dans son salon, afin de regarder la télévision pour se détendre après cette dure journée. Plus tard, en fin d'après-midi, la sœur Irenne vint récupérer Mila. Elle avait décidé, pour le premier jour de sa cuivre, de venir en personne afin de s'assurer que Mila avait fait honneur à son nouveau maitre, d'une importance si grande. C'était un honneur de traité avec une personne du quartier doré, et elle espérait que Mila lui avait montré tout le respect qu'elle lui devait.
<< La SC à découvert un cadavre dans mon jardin durant le service de Mila. Cependant, je dois bien reconnaitre qu'elle a fait du bon travail avec la maison, bien que beaucoup des meubles étaient renversés lorsque je suis rentré. Je ne souhaite pas m'en séparer. Cependant, vous feriez mieux de lui donner une bonne leçon, cette petite garce n'a pas trouver mieux que de fricoter avec les agents venus pour le cadavre. Demain, elle devra me montrer tout le respect qu'elle me doit. Sinon je me verrais obligé de la transférer au CSRC>>

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